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Analyse du film «Praxis»

L’artiste plasticien commandant RoSWeLL opère un travail de recherche à propos des rites d’agrégation des étudiants universitaires, dans une volonté de compréhension de ce phénomène sociétal en l’exprimant par le biais de l’art.
Son expression esthétique passe par le roman plastique, produit sous le prisme de l’Art Social Symbolique.

Voici l’analyse produite pour le film «Praxis» de Bruno Moraes Cabral, sorti en 2011.

Message du youtubeur ayant posté la vidéo :


William Baskerville Ajoutée le 30 janv. 2016 (traduit du portugais)

Présenté la première fois sur Culturgest, le court métrage «Praxis» de Bruno Moraes Cabral a été le film gagnant du concours de courts-métrages portugais de doclisboa 2011.
Une représentation fidèle des rites de première année de l’étudiant perpétrés du nord au sud du pays et qui a conduit à une plus grande conscience des abus commis au nom de Praxe.

Analyse :


En sciences humaines, il est de principe interdit de juger les actes que nous devons étudier. Il nous faut démontrer pourquoi les choses se déroulent de telle manière afin de comprendre les actes.


A première vue, il s’agit d’un film sans parti pris. Une succession de plans montés tels quels, selon un scénario précis lié soit au déroulement réel des rites, soit ré agencés en fonction du propos. Dans cette seconde optique, même l’absence de commentaires ne signifie pas qu’il n’y ait aucun parti pris, puisque le montage est tout autant évocateur de ce que l’on désire démontrer.


Il faut donc déterminer sous quel angle Bruno Moraes Cabral a travaillé.


Pourquoi choisir ce sujet de film ?

Le film fut monté dans quel esprit (« images non traitées » ou selon un scénario pour lequel les plans séquences furent emboîtés selon le sujet et non selon la chronologie) ?

Lors de la projection du lundi 12 mars 2018, dans l’amphi Daure, présentée par le Festival Altérités en partenariat avec le cinéma Le Lux et l’université de Caen, eu lieu une vidéoconférence avec le réalisateur, suivie d’un mini débat modéré par Clotilde Lemarchant. Au cours de la vidéoconférence, réduite à sa plus simple expression pour problèmes techniques, Bruno Moraes Cabral s’est exprimé dans un français impeccable. Nous pouvons donc préciser qu’il a choisi de faire ce film suite à l’inquiétude de voir les bizutages se perpétrer tout au long de l’année. Il analyse les bizutages par le terme de sauvagerie.

Sur internet, un youtubeur énonce que le film a conduit à une prise de conscience des abus commis au nom de Praxe, était-ce l’optique visée ?


Il semble bien que l’optique de Bruno Moraes Cabral soit de faire réaliser cette prise de conscience. Il s’étonne même de la mobilisation des défenseurs des traditions.

Comment a-t-il pu recevoir l’autorisation de filmer, et par quelle autorité (étudiants, universités)?

Le film fut tourné sur une période de deux ans. Il suivait les étudiants après avoir reçu leur accord.

Bruno Moraes Cabral fut-il lui-même initié par ces pratiques (les a-t-il bien vécues ?)

Il n’a jamais vécu ces bizutages et confirme qu’il n’y a aucune obligation à les vivre.

L’analyse du film que je produits se fait sur base du lien précité. Je ne m’exprime pas en portugais et comprend à peine l’anglais. La barrière de la langue est donc essentielle à prendre en compte. Mon analyse tiens compte également de mes connaissances au sujet des traditions étudiantes.

Suite à la version sous-titrée en français projetée le 12 mars 2018, j’affine l’analyse sans toucher les propos précédents.


Praxis

Le film fut monté selon une optique de fausse neutralité du propos, puisque la succession des images ne peut y être linéaire en totalité, puisque les images proviennent de plusieurs universités du Portugal. Il fut toutefois présenté de façon honnête, quoique gonflant le trait, selon les témoignages d’étudiants ayant vécu au Portugal.


Rapport à la souillure


Au sein du film, nous constatons – comme dans la plupart des rites étudiants que j’ai fréquenté – un rapport à la souillure. Nous percevons un rapport graduel à la souillure, commençant par un peu de farine, suivie plus loin par de la boue, des œufs, …


La souillure fut étudiée dans un essai magistral de Mary Douglas, une sociologue britannique.


De son travail, l’application de la souillure aux rites étudiants est très intéressante. Nous pouvons le prendre sous plusieurs angles :


Le corps constitué des anciens est unifié de longue date, et fonctionne au quotidien sans trop de heurts. Le sociologue Claude Rivière évoque que les bizutages peuvent désamorcer des conflits. C’est que le contingent des nouveaux venus ne connait pas les règles qui permettent de travailler en équipe. Il faut donc les agréger.

Selon les principes de Mary Douglas que nous pouvons transposer, les nouveaux sont perçus comme tabous. Dès lors, le plus sûr moyen est de leur ôter la souillure qui les entache. Les deposito du moyen âge devaient laver la tache de béjaune. Pour cela, les anciens les lavent rituellement avec des produits vils (farine, oeufs, ketchup, …) mais déjà cooptés, qui entraîneront après une bonne douche le côté tabou hors des individus.


Le second angle de vue peut être perçu aussi comme un soin apporté au nouveau, tout comme l’argile nettoie les pores de notre peau, les souillures nettoieront les nouveaux. Cela correspond peut-être plus à la vision du nouveau.


Dans les deux cas, il s’agit d’un rite magique ancien, qui s’est perpétué jusqu’à nos jours.


Vers le climax du film, son point culminant en d’autres termes, on perçoit les nouveaux, faire des jeux dans une mer de mousse. Il y a là un rapport au nettoyage de la saleté que l’on retrouve ailleurs. A Caen, dans les années 90, il était d’usage de faire mousser les fontaines de la place de la République et d’y passer les bizuths.


La fin du climax montre les nouveaux se faire doucher en pleine rue par un cubi de vin (pour autant que j’ai bien interprété ce que pouvait être ce liquide rouge). Que cela se passe dans la rue est psychologiquement intéressant, en ce sens où l’on montre le nouveau statut de l’initié au vu et au su de tous. Il s’agit d’un rite d’agrégation. L’usage du vin possède une autre signification par l’aspect principal du rite, qui est de réactualiser un acte ou une série d’actes mythiques. Cela nous rapproche d’une figure légendaire des traditions étudiantes en la personne de Bacchus.


Rabaissement statutaire des nouveaux


Nous avons déjà pu observer au travers de ce document qu’il ne faut pas prendre la souillure comme un acte avilissant de l’autre, même si dans les faits, cela semble choquant à l’observateur extérieur. Nous avons pu établir qu’il s’agit en fait d’un rite magique ancien. Qui dit magie, dit sympathie au sens sociologique du terme. En somme, qui agit sur le même ou sur son contraire, pour ce que je vais développer à présent.


Je ne peux nier ce rabaissement statutaire, et le trouve même essentiel au rite. Nous le voyons dans le film, les nouveaux sont placés en files, on leur hurle dessus avec un mégaphone, ou on leur apprend à chanter de la même façon. Selon la psychanalyste Clarissa Pinkola Estès, le chant est toujours un acte magique qui ramène à l’être sauvage qui nous habite : celui de l’intuition, le producteur de chaleur. Les nouveaux sont déguisés de façon grotesque, et les garçons sont même souvent travestis. Le travestissement est une façon de féminiser l’individu.


La féminité est souvent perçue comme plus intuitive. En transformant l’homme en femme, on l’initie à l’intuition. Le déguisement, c’est le théâtre. Il nous place dans la peau d’un autre, et qui plus est, un autre parfaitement ridicule. Savoir respecter l’altérité est un principe essentiel des traditions étudiantes. Savoir rire de soi-même, l’auto-dérision, est une valeur indispensable pour le nouveau, comme pour l’ancien, comme pour la future élite que l’individu deviendra, afin de rester humain. Ce rabaissement statutaire est une valeur

d’humilité, mais aussi de compréhension de l’autre, et également par sympathie entre les contraires, une affirmation de l’estime de soi. Telle fonctionne cette magie sympathique qui produit, pour l’avoir vécu, une compréhension de l’autre, et comme l’individu a connu cela et s’en est extrait en menant l’initiation à terme, un sentiment de fierté de l’avoir vécu se produit en lui.


Pour les meneurs, l’enjeu n’est autre que de faire évoluer le groupe vers une autonomie de mouvement compatible avec le groupe en place. Personne ne dira à quelqu’un comment il doit se positionner sur un sujet donné, mais comment faire en sorte que sa propre position au sein de l’ensemble soit admise et respectée.

Lors du débat, des représentants du syndicat SL ont évoqué des faits de sexisme aggravés, et de fascisme ordinaire. Ils appuient leurs propos sur le dossier déposé en plainte contre la corporation des étudiants de médecine et accusent l’université de laxisme. Madame Lemarchant était en position défensive du propos. Le sexisme et l’homophobie sont placés comme une preuve formelle par le syndicat, de brutalité de l’ensemble des traditions. Leur propos est rodé mais ne s’appuie sur rien d’autre que leur propre vision des choses, utilisant des mots durs, les détournant de leur sens premier au besoin volontairement (« fascisme », alors que le réalisateur venait d’exprimer que sous l’époque fasciste au Portugal, les traditions n’y existaient plus, avant de se ré épanouir lors du retour à un système politique moins contraignant dans les années 80). Le fascisme étant par nature nationaliste et totalitaire, il se manifeste par une mise dans la main de l’état des appareils idéologiques, avec une prépondérance de l’exécutif sur le législatif. Si les praxes, et autres traditions étudiantes sont totalitaires et fascistes, nous devons en trouver des preuves au fil du reportage. Il semble plus probable que les syndicats utilisant ces termes soient empêtrés dans une confusion lexicale dans laquelle ils désignent une volonté de jouissance à procéder à la souffrance d’autrui.


Si l’on observe le film, nous voyons les nouveaux en posture de soumission, une même position est nommée en Belgique le « gueule-en-terre ». Personnellement, et je ne suis pas le seul à l’avoir perçu sous cet angle, on pourrait autant la nommer la position de la graine, symbole du devenir.

Inerte, on la fait ensuite bouger par du sport, en glissant dans la boue. La glissade dans la boue peut avoir valeur figurative d’enterrement de l’égo du nouveau. Mais que fera une graine dans la boue ? Elle va grandir.

De plus, la graine enterrée est protégée des nuisibles, donc assimilable à une protection magique. Le passage de la vie à la mort, période de marge où l’on n’est rien. Le nouveau entre en phase marginale.


En symbolisant le nouveau par une graine, nous percevons tous les espoirs placés par les anciens pour que la reprise de leur corporation se passe bien. Alors, il me semble que l’abaissement systématique selon un principe de complaisance à la souffrance de l’autre ne tient pas à l’analyse des enjeux.


Le mythe agraire me semble donc une piste intéressante à suivre, au vu de ces données.


Une fois la vie bien en place dans cette graine, va en sortir la vie animale, se nourrissant de l’agraire. L’homme nourrit l’animal. Le nouveau est nourrit comme un animal, il n’a pas encore atteint le stade de l’humain. Il est marqué comme du bétail. Le film nous le montre, le nouveau n’a pas le choix de ce qu’il mange – tout comme dans une profession, nous ne pouvons choisir les tâches à réaliser. On lui présente de l’ail. C’est un végétal un peu piquant, donnant une haleine fétide à qui en a avalé. On le fait marcher à quatre pattes en troupeau, on le bouchonne (symbole de nettoyage), on le fait se rouler dans la paille (rapport au nettoyage animalier, protection contre les nuisible, donc assimilable à une protection magique).

Lors de la soirée, furent évoqués rapidement les événements liés à l’ENSAM cette année 2017, où l’on a marqué les nouveaux à l’aide de capsules chauffées à blanc. Quoi qu’apparentée au marquage du bétail – prouvant que les tortionnaires se pensaient rester dans le cadre de leur tradition, ces actes sont proprement inhumains. Il n’est pas concevable qu’un système rituel déjà rude mais effectif en provoquant une vaste ouverture à l’altérité en un temps très court, soit dévoyé par manque de connaissance des enjeux, par bêtise humaine dans une absence totale de limites pourtant imposées par les rites, et par manque de vigilance des aînés. Ce genre d’action est, et restera injustifiable.


Le passage au stade humain peut se percevoir dans le film à deux reprises. D’une part, on apprend à parler au nouveau qui ne sort que des phrases incohérentes. – Les phrases du film sont féminisantes pour des bizuts masculins, et tournent beaucoup autour de la voie anale et de l’homosexualité. D’autre part, en sommant les nouveaux de moins de dix-huit ans à sucer leur pouce ou à sucer une tétine – tétine qui marque symboliquement aussi les capes des premières années. Stade infantilisant largement supérieur à l’animal qu’il fut autrefois. On leur pose des questions auxquelles ils répondent de façon scolaire et se font reprendre avec humour :


« Conjugue le verbe « bizuter » au présent de l’infinitif !

- Je bizute…

- Tu bizutes bizuth ? »


On lui apprend à s’exprimer, à savoir imposer sa voix, par l’apprentissage des chansons facultaires et importantes. Dans la tradition des tunos, la chanson est essentielle.


Affirmation du groupe facultaire


Nous percevons un vrai parcours initiatique passant de la mort – symbolisé par la graine inerte, la graine plantée prend vie, pousse, devient animale, humaine, et finit au stade adulte.


Une nouvelle phase prend la relève, celle où les meneurs vont tenter de déterminer dans l’ensemble des nouveaux « la frange de cette promotion qui accepte de s’investir dans le jeu politique correspondant à « la vie de l’école » comme le démontrent messieurs Dilip Subramanian et Jean-Baptiste Suquet. Les chants identitaires, facultaires, guerriers même, permettent de repérer les nouveaux motivés, d’éviter les surmotivés, et de pouvoir les diriger à l’éventualité de prendre à terme la succession de la corporation.


Le nouvel enjeu est à présent de former les nouveaux à s’identifier à leur faculté. Cela implique aussi, pour le nouveau, de se sentir reconnu au sein d’un groupe, et augmente de fait l’estime personnelle. On perçoit dès le début l’usage de t-shirts par promotion de nouveaux. Dans le film, j’ai pu repérer aussi trois formes de chants qui sont équivalentes à celles chantées à l’Université Libre de Bruxelles :

Les cris facultaires : Ce sont ces chants qui vantent la suprématie d’une faculté précise au détriment d’une ou des autres.

Les chants facultaires, appris assis par les juristes dans le film, car le chant est plus solennel et représente la fierté que l’on possède d’apprendre le métier.

Le troisième type de chant est ce qu’on appelle en Belgique le « chant sacré », c’est le chant international des étudiants : le Gaudeamus Igitur, les chansons d’université (le Semeur), ou de tradition (La calotte). C’est sous cette forme que je perçois la dernière scène chantée du film, cette marée humaine qui chante la vie difficile des étudiants.

En Belgique se trouve une quatrième forme, qui est la parodie des cris et chants de cercles, dénigrant avec humour les autres facultés. Cette forme est utilisée aussi en France.


Ces chants sont essentiellement une guerre pour rire, qui se donne des prétextes pour aller visiter l’un, ou moquer l’autre. Les rites étudiants ont toujours un rapport poussé à l’altérité. Apprendre la sociabilité par le chant, la boisson, le jeu, ou le travail.


Rapport à la paillardise


La grivoiserie est une façon supplémentaire d’apprendre l’altérité. Par l’ensemble des pratiques du film nous pouvons appréhender un sexisme ordinaire. Que voit-on ?

Des groupes différenciés entre femmes et hommes s’invectivant l’un-l’autre, ou mixtes montrant la solidarité de leur faculté.

La différentiation effective se repère dans la féminisation de l’homme en femme. Cela permet de se sentir moins macho.

Les rites étudiants ne sont pas mixtes depuis longtemps et cela s’en ressent. Le rituel n’a pas encore développé un équivalent en termes d’effet à apposer aux femmes pour leur permettre de se placer dans la peau masculine et en apprendre quelques trucs.

De même, en Belgique en 2016 eut lieu une tentative de création de chansons paillardes féminines par un workshop. L’événement ne s’est pas réactualisé. On ne modifie pas un point rituel pour le plaisir, ou selon les convenances en place. On le fait car ça a du sens.

La chanson paillarde possède un rapport très étroit à la masculinité. A une époque, les garçons ne connaissaient rien de la vie, et ces chansons avaient un côté prophylactique. Mais ils préservaient l’humour. Une société sans humour est une société sans âme.

Et c’est ce même humour que l’on perçoit. Une canne à pêche portant une bite, est-ce placé là comme appât, ou fut-elle péchée ? Selon l’angle de vue, ce n’est pas le même sexe qui s’avère sexiste.

Lorsque l’on voit deux rangées différenciées d’hommes et de femmes pratiquant le jeu du rameur dans un bain de mousse, le sexisme se manifeste par une chanson scandée par les hommes « Elles ont le minou mouillé ».(La traduction française indique « le minou sec », ce qui change radicalement l’analyse suivante). Le sexisme est refoulé et castré par la réplique féminine « Vous avez le zizi flasque ».

Dans cette scène, nous pouvons percevoir une surpuissance des femmes à l’encontre des hommes. Ceux-ci sont rabaissés à une impuissance, tandis qu’elles étaient citées comme prêtes à s’accoupler. Les universités se remplissent de plus en plus de femmes, et c’est parfait qu’elles revendiquent leur place, y compris au sein des traditions. Mais les modifications du rite, quoique déjà perceptibles comme dans cet exemple, sont encore loin d’être optimales, et prendront du temps à s’ajuster.

L’analyse s’en trouvant modifiée, il est évident que femmes et hommes sont rabaissés sur un pied d’égalité dans ce jeu. « La culture du viol » défendue par syndicats n’a pas prise sur cela. Tout au plus percevons-nous dans cette liminarité une inversion permettant d’évoquer crûment la sexualité. En ce sens, nous rejoignons à nouveau le principe de fécondité agraire.


Point sur l’ensemble des pratiques : le rapport à Bacchus


Nous avons démontré que chacune des pratiques du film n’a pour moteur ni le sadisme, ni le rabaissement volontaire et permanent, ni le sexisme de l’homme spécifiquement sur la femme, ou tout du moins, en forte diminution par la féminisation des filières professionnelles.


Nous n’avons pas encore évoqué l’éthylisme étudiant.

D’une part, l’étudiant n’a pas besoin d’être ritualisé pour boire, d’autre part, il serait surprenant que sur ce point précis, l’alcoolisme soit leur raison d’être. Chacune des motivations préalables avait pour but de soigner la tache de béjaune, en somme de le rendre apte à s’incorporer au sein du groupe fonctionnel. Que ce soit par le soin, par la guérison d’une timidité en apprenant à se mouvoir au sein de l’altérité, à dépasser ses limites de confort personnel en osant se rapprocher d’autrui sans distinction de grade, d’âge ou de sexe.

Le vin est versé sur le nouveau qui est agrégé.

Il sortira de sa phase de liminarité en complimentant ses aînés (les parrains et marraines ?) devant tous.

Dans cette tradition, la traduction française nous permet de comprendre que les marraines et parrains sont choisis à terme par les bizuts pour leurs qualités humaines, ce que nous retrouvons également en France au sein de la faluche.


Le vin qui nettoie les plaies, mais égaye le coeur de l’homme, est le symbole de Dionysos/Bacchus. Par ce vin, il rapproche les autres.

Mais Dionysos est un dieu des marges, ses cadeaux doivent être maîtrisés. Les rites apprennent à gérer l’autrui comme soi-même en cas de débordements. Les débordements rituels sont l’apanage de Bacchus, ses bacchanales sont restées dans les mémoires. Les traditions étudiantes sont, de manière fortement atténuées, très proches de ces pratiques.

On peut voir aussi que c’est la femme qui possède le pouvoir sur l’homme, hormis Bacchus.

Mais Bacchus était le seul dieu fidèle à son épouse de tout le panthéon gréco-romain. Paillard oui, sexiste certainement au profit de la femme.


De Bacchus je ne dirai pas tout, ce serait trop long. Mais si l’on regarde bien, il fut le premier dieu agraire. Ce rôle tenu auparavant par les femmes que sont les déesses Isis, Astarté, Ishtar, Inanna. Bacchus à l’ensemble de ses pratiques, est également le dieu des féministes si j’en juge.

Mais comme tous ses cadeaux, ils doivent être maîtrisés sous peine de drame.

En conclusion du débat, il est impossible de gérer un sujet aussi vaste par un temps de parole aussi court.

Entre l’université souhaitant laisser passer un message fort en tenant des preuves écrites d’une obligation à signer une charte de bonne conduite sous peine de perte de subsides, de locaux, etc. , d’un syndicat étudiant ne songeant qu’à asseoir leur propos par des jugements mal calibrés et des faits montés en épingle, et l’absence de représentants des rites étudiants impliqués, car ils sont trop lucides pour venir perdre leur temps à se faire stigmatiser outre-mesure. En outre, l’attitude assise de la personne en charge de la vice-présidence de l’université, madame Meyer-Plantureux, en contraste total avec l’affabilité (quoique très modérée, presque forcée) de la modératrice Clotilde Lemarchant. On ressentait un campement de chacun dans ses opinions et prérogatives, et rien ne peut sortir d’intéressant d’un tel débat.

Pour qu’un débat comme celui-ci puisse être pertinent, il faudrait que cela soit produit par les étudiants ritualisés eux-mêmes, en impliquant un même nombre d’intervenants de chacun des partis en présence, une volonté de travail conjoint, et à trouver des solutions viables pour l’ensemble de la communauté. C.R.


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